Neufchâteau – Un Pré pas si Fleuri
Les organisations syndicales du secteur public se sont réjouies, il y a quelques semaines, d’apprendre par l’entremise des colonnes de presse, que la Résidence Pré Fleuri de Neufchâteau a enfin obtenu, grâce à une intervention politique, l’agrément nécessaire de 11 lits supplémentaires et la requalification de 19 d’entre eux en lits MRS. Cela permettra, nous n’en doutons pas, par l’entremise des subventions de la Région Wallonne, de faciliter la gestion financière de l’institution.
Toutefois, les trois organisations syndicales du secteur public sont plus qu’inquiètes de la situation au sein de la maison de repos.
Depuis des mois, elles dénoncent la charge de travail et la pression que subissent les agents. Pire, elles supplient le bureau exécutif d’accepter de geler pour un temps les entrées de nouveaux résidents. En effet, en pleine crise Covid, le personnel est lourdement touché. Les maladies, quarantaines et écartements réduisent à peau de chagrin les forces vives. Il est de plus en plus difficile de faire face au travail journalier et d’assurer à tous les résidents les services et soins qu’ils sont en droit de recevoir. Les heures supplémentaires s’accumulent, les seuils de fatigue sont dépassés et le personnel est sur le point de craquer. D’ailleurs les démissions tombent.
Une nouvelle entrée signifie une attention particulière pour le nouveau venu, tant au niveau de son suivi de santé, que son acclimatation et son bien-être psychologique. Les équipes sont désespérées. Elles peinent à assurer le quotidien, craignent pour la qualité des services qu’elles procurent aux résidents et admettent ne pas pouvoir assurer les arrivées comme il le faudrait. Pour exemple, il arrive que, le week-end, ce soit le personnel de cuisine qui se charge d’accompagner la prise des repas dans une aile dépourvue des soignants. Au mieux, on tourne à un soignant pour 24 résidents et des étudiants (non diplômés) prennent en main des services entiers, seuls, sans encadrement. Inutile de préciser que ces pratiques sont totalement illégales. C’est un énorme risque pour la sécurité et le maintien de la bientraitance de nos aînés.
Pourtant la CSC Services publics, le SLF-ALR et la CGSP-Admi, sonnent l’alarme depuis de nombreux mois. A chaque réunion et par courriels interposés, ils tentent d’expliquer aux décideurs de l’institution les difficultés du terrain. Pour un service de qualité, on ne peut jouer que sur deux variables : plus de membres du personnel, ce qui vu la pénurie dans le secteur et dans la province est compliqué, ou moins de résidents en ne remplaçant pas les départs, au moins jusqu’à ce que les équipes soient de nouveau au complet et que chacun ait pu récupérer.
Malheureusement, l’Autorité semble faire la sourde oreille aux demandes syndicales. Et celles-ci ne se limitent pas là. En effet, bon nombre de manquements à la législation du secteur sont à déplorer :
- Depuis 2005, tout membre du personnel, quelle que soit sa fonction, au sein d’un établissement de soins, doit être recruté en tant qu’employé. Cela a une répercussion sur la durée du salaire garanti en cas de maladie ;
- Le travail doit être planifié, comme au CPAS de Neufchâteau puisque la Résidence Pré Fleuri applique le statut du personnel de celui-ci, en 5 jours par semaine et non 6 ;
- Le personnel soignant, jusqu’au grade d’infirmière chef inclus, doit recevoir une prime mensuelle, financée par la Région Wallonne, pour son travail en heures inconfortables (nuit, we, jour férié). Ceci est d’ailleurs prévu au statut de l’institution mais n’est pas appliqué pour certaines fonctions alors que la subvention est perçue ;
- Le personnel est de garde à domicile et appelé à revenir travailler en cas d’absence d’un collègue sans aucune compensation financière ;
- Les horaires sont régulièrement modifiés avant même toute concertation sociale comme le prévoit le statut syndical et modifiés en dernière minute sans aucune compensation telle que le prévoit la Loi ;
- Les jours fériés travaillés ne sont pas récupérés et payés comme ils devraient l’être au regard de la législation en la matière ;
- L’ambiance est délétère. Les organisations syndicales demandent, comme le prévoit la législation, la réalisation d’une analyse des risques de la charge psychosociale via le service externe de prévention et protection au travail. L’Autorité n’accède pas à la demande préférant opter pour un audit payant, réalisé par une firme externe privée sur lequel les organisations syndicales n’ont aucune visibilité en amont et qui n’est soutenu par aucune législation du Code du Bien-être au Travail
- Les examens de recrutement semblent biaisés. De lourdes accusations de tricherie ont été portées à la connaissance des permanents syndicaux.
Dans un élan d’optimisme, les responsables représentant les travailleurs ont sollicité une réunion d’urgence avec les membres du Burex (Jean-Louis Borceux (Président), Myriam Poncelet et Martine Collard), à huis clos, sans aucun membre du personnel. Cette réunion a eu lieu de 7 février. Les revendications syndicales et la menace de dépôt d’un préavis de grève ont été entendus et le Président se faisait fort de relayer ceux-ci au Conseil d’Administration lors de sa séance du 18 février. La réunion s’est terminée par une promesse de l’Autorité d’un retour rapide et de prise de décisions.
Seul hic, lors de ce Conseil, la Présidence a changé de main et à ce jour, malgré le fait d’avoir de nouveau sollicité le nouveau Président (Olivier Rigaux) aucune information, aucune réponse, aucun accusé de réception, n’est parvenu aux permanents. C’est un manque de respect flagrant du dialogue social et des travailleurs. Pendant que les politiques chestrolais, dans leur bataille pour le pouvoir, jouent aux chaises musicales, le personnel s’épuise et ce sont les résidents qui risquent de payer la note.
Sans réaction rapide et sans acceptation de l’ensemble des revendications, un préavis de grève sera déposé, en front commun, dans les prochains jours.